PACO. – Le lendemain
Les enfants sont allés annoncer la bonne nouvelle à Cédric
Qui dormait au cimetière
On pourrait conserver l’arbre-cabane au milieu de la forêt dévastée
NAWELLE. – Dinah a fait un bisou sur la pierre froide
Et puis elle a lu un poème
Ce poème serait gravé plus tard
Sous les dates de la courte vie de Cédric
LES DIDAS. – Nawelle prend un air grave et abattu
Elle n’avait jamais rien lu d’aussi triste et chouette à la fois
NAWELLE. – C’est vrai
LES DIDAS. – Nawelle respire
Elle ne sait pas si elle y arrivera
Nawelle ne dit mot, elle se réfugie dans les yeux de Paco.
LES DIDAS. – Paco pourrait lui tenir la main par exemple
Il pourrait aussi lui dire que/
(Ensemble) Tout va bien se passer
Paco prend la main de Nawelle.
PACO. – Tout va bien se passer
LES DIDAS. – Nawelle inspire encore une fois
Elle cherche du courage dans les lignes de ses mains
Dans lesquelles sa mamie lisait tout un tas de belles histoires
Les Didas, ensemble, et Nawelle, inspirent et expirent.
NAWELLE. – Tu es là
Sur les cordelettes du saule-pleureur
Dans les champs d’amaryllis bleues
Sur les ailes orange des poules
Dans les fèves du cacao
DINAH. – Tu es là
MAURICE. – Au bord des lacs gelés
JOHANNA. – À dos d’arcs-en-ciel
LILETTE. – Parmi les oiseaux de paradis
NAWELLE. – Avec les lapins les hérissons et les loups
DINAH. – Tu es là
EMMA. – Dans les mers vertes et les chamallows du ciel
ALAIN. – Mêlé aux perles de la rosée
BENJAMIN. – Dans le bruit de l’eau et du vent
PACO. – Au-dessus de nous et plus loin que le soleil
DINAH, les yeux fermés. – Tu es là
Partout
Pour toujours
Tous et toutes se font un câlin général, puis s’assoient, serein.e.s.
LES DIDAS. – À présent
Tout le monde est réuni
Les enfants d’autrefois comme les enfants d’aujourd’hui
Chacun
Chacune
Est allé.e s’asseoir à l’ombre du grand frêne
Sauvé d’une fin tragique par une trouvaille presque magique
À cette heure il fait bon
L’air sent la mousse les champignons et l’herbe ensoleillée
Les oiseaux papotent entre les nuages
On respire à pleins poumons
On est heureux sans trop savoir pourquoi
Et sans le savoir
Tout le monde voit tout le monde
Les ancêtres glorieux du passé
Et les conteurs d’histoires du présent
Sans le savoir
Tout le monde connaît tout le monde
Ensemble ils tendent leurs joues contre le vent chapardeur
Ensemble ils se lovent autour du grand arbre
Caressent les racines qui n’auront pas été arrachées
Pressent leurs dos contre le tronc qui n’aura pas été abattu
Comptent les feuilles qui n’auront pas été broyées
Savourent l’ombre qu’on n’aura pas gommée
Les ancêtres d’hier et les conteurs d’aujourd’hui pointent leurs nez vers un même horizon
Et ce même horizon commence ici
Au pied d’Yggdrasil
L’arbre-monde
L’arbre-cabane
Le frêne rescapé du parc urbain de Krisimalheim
L’horizon commence ici
Infini